Lyvet 2 – Les travaux ont commencé sans attendre les autorisations

Le vidage du « piège à vase » du Lyvet  est lancé

L’opération de vidage du piège à vase du Lyvet prévue pour cet hiver, est lancée.

Si vous passez par la RD12 entre La Hisse et Plouër,  vous verrez des travaux de terrassement sur le site du Petit Chatelier.  Les délais étant très serrés, COEUR-Emeraude a pris le risque de lancer les travaux sans attendre les autorisations et sans avoir bouclé le financement.

Dénommée Lyvet 2, cette opération similaire dans sa conception à l’opération Lyvet 1 qui avait eu lieu l’hiver 2000/2001, va se dérouler en 3 phases sur une période de 3 ans :

–          phase 1 d’une durée de 3 mois du 15 novembre 2014 au 15 février 2015
Vidage du piège par aspirodragage et transfert des sédiments dilués dans 4 volumes d’eau dans des lagunes de décantation situées au Petit Chatelier à Saint-Samson

–          phase 2 d’une durée de 2 ans et demi
Ressuyage des sédiments dans les lagunes

–          phase 3 d’une durée de 3 mois de septembre à novembre 2017
Vidage des lagunes et évacuation des sédiments (pelletables et dessalés)  pour épandage sur des terres agricoles

Où en sont les autorisations administratives ?

 Envisageant par la suite de renouveler cette opération de vidage du piège tous les 3 ans, COEUR Emeraude a demandé l’autorisation d’exploiter le site du Petit Chatelier pour une durée illimitée et l’autorisation de travaux sur le Domaine Public Maritime (DPM) pour une durée de 30 ans.

 L’enquête publique préalable à la délivrance de ces autorisations, s’est déroulée du 28 juillet au 29 août 2014 en mairie de Saint-Samson.

La commission d’enquête a rendu son rapport fin septembre. Il est consultable sur internet sur le site* de la préfecture des Côtes d’Armor. Il fait état de 32 avis déposés par écrit, et de 34 interventions faites oralement au cours de la réunion publique du 29 juillet 2014 à Saint-Samson.

*http://www.cotes-darmor.gouv.fr/ezjscore/call/ideserver::navigation::fond::12286::0::100::75

Toutes les interventions sont favorables au vidage du piège, mais elles sont accompagnées de beaucoup de questions sur la mise œuvre, les nuisances pour les riverains, les délais, le financement, l’absence de curage du chenal devant l’écluse, l’insuffisance du projet et sa pérennité. Au total, 207 observations ou questions sont recensées dans le rapport.

Après analyse des réponses apportées par COEUR Emeraude à ces observations,  la commission d’enquête a émis un avis favorable assorti cependant de quelques réserves et de quelques recommandations.

Nous espérons que les réserves seront levées et les autorisations données au plus vite, car le piège étant rempli depuis 2004, nous ne pouvons que souhaiter qu’il soit vidé cet hiver.

Mais, ce projet sera t-il pérenne ?  

 Dans l’enquête publique, de très nombreuses observations mettent en cause le manque de pérennité de ce projet de vidage du piège. 

A contrario, COEUR Emeraude, mettant en avant la possibilité de renouveler le vidage tous les 3 ans, affirme que le projet sera pérenne. Et la commission d’enquête valide cette approche en considérant que la pérennisation du projet est son véritable enjeu et que les solutions mises en œuvre pour vider le piège sont pérennes.

 Mais, il ne faut pas confondre la pérennisation d’une solution avec la capacité de cette solution à maîtriser une situation de façon pérenne.

Il est prévu d’extraire du piège environ 60 000 m3 de vase. Le vider tous les 3 ans n’extraira donc en moyenne que 20 000 m3 par an. Compte tenu des volumes de sédiments qui se déposent chaque année dans l’estuaire, c’est au minimum 50 000 m3 de vase (estimation moyenne) qu’il faudrait enlever chaque année pour stabiliser l’envasement à son niveau actuel. 

Reconduire le vidage du piège tous les 3 ans, ne permettra ni de stabiliser l’envasement, ni d’améliorer la situation progressivement. C’est un projet qui pérennise le vidage du piège, mais qui n’a pas la capacité de maitriser l’envasement de façon pérenne. Si rien d’autre n’est entrepris, la disparition des usages côtiers reste inéluctable.